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Confluences 7 : Frontières

(Pour raisons techniques, la lecture de ce texte n'a pas pu être optimisée pour mobile, je vous invite donc à ne le lire que sur ordinateur ou tablette.)

je savais je ne savais que trop qu’il se trouvait qu’il y avait des êtres en marche à l’intérieur du sol prêts à ravaler le présent que nous leur avions dérobé leurs testaments trahis recomposés à la surface du sable à la surface du verre il suffisait pour voir de croire de vouloir il suffisait de chercher tu seras une maison tu abriteras les maux du monde


ou peut-être que la terre était plate et que peut-être qu’ils vivaient sens dessus dessous comme nous comme nous


ou peut-être à force de gratter tout finira peut-être qu’il n’y avait pas de terre du tout que nous que nous n’étions qu’une expérience innommable cobayes d’un architecte dépravé tout finira par s’effriter


il y avait tant de preuves informelles il suffisait de il suffit de gratter de décortiquer l’intertexte pour entrevoir que derrière chaque séisme un mécanisme était dissimulé que que derrière chaque soubresaut de l’actualité les immondices se dessinait la volonté des maîtres les immondices accumulées jusqu’au six


je devinais que tout était crypté qu’entre deux symboles entre deux protocoles on avait dissimulé le sens aux hommes de bonne volonté les initiés ce délice de baigneur moïse envieux de colliers de nouilles et l’histoire, cet affront sans cesse réécrite en mosaïques en puzzles en dents de scie


la nuit, je me segmentais dans les recoins du réel j’affrontais mon navigateur avec une volonté de brute explorateur en quête de continents perdus, de bâtisseurs et de géants dérivant parfois mais toujours certain de mon cap et le matin entre deux brumes je me repliais dans les recoins humidité et j’écoutais humilié la pluie le beau temps le simulacre le leurre l’écho je saluais mes collègues de bureau humilié pantins putassiers de bfmtv encertitudés à coups de marronniers les arriérés périront dans des flaques convaincus que les choses que les choses étaient ce qu’elles semblaient convaincus que les choses étaient


on nous abreuvait de frontières floues de régressions d’insectes ni bien ni mal et des récits-corail rire des enfants discrétion des esclaves brodés par ceux qui sont tout, au prix d’amères victoires mais pour ce soir pour vraiment savoir s’il faisait vraiment jour le jour il fallait chercher s’interroger discerner le vraiment faux du faux


il y avait ces bruits blancs dans ma tête qui me qui te qui me séparaient du tapage ambiant les idées tombent en cascade et rira bien qui rira j’étais une île une hydre et nous une armée se constituait nous nous multipliions voués à disséquer l’estomac du monstre lanceurs d’affût tenaces extincteurs de décadence demoiselles d’honneur de l’apocalypse


et nous jouirons lorsqu’il sera trop tard nous ne serons pas sauvés mais nous jouirons nous jouirons d’avoir su voir vous ne verrez que nous nous nous nous nous étalerons nous serons partout



Travail élaboré en collaboration avec Séverine Rouy (photographie), dans le contexte de notre projet Confluences.


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